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VEGETARIEN & VEGETALIEN
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Chapitre 3 : pour une société végétarienne et végétalienne

LES FAMILLES VEGETARIENNES ET VEGETALIENNES


FAMILLES VEGETARIENNES SUR PLUSIEURS GENERATIONS

L'exemple de Lionel Reisler (actuel président de l'association Alliance Végétarienne. Texte rédigé en 1997)

En 1947, mon père s'est guéri d'une maladie allergique : l'" œdème de Quincke " avec des traitements naturels et en devenant végétarien. Très rapidement, comme pour beaucoup d'entre nous, son champ de réflexion s'élargit pour embrasser tous les aspects du végétarisme, notamment éthiques et spirituels. Jeune et franchement convaincu des bienfaits du végétarisme, il ne ménageait pas ses réflexions aux " mangeurs de cadavre " ! Mon enfance a baigné dans cette atmosphère de discordance avec l'entourage.

Les années 50 virent les balbutiements de l'agroalimentaire. Refuser tout ce " merveilleux progrès " et cette opulence, après les années de restrictions encore proches, avait quelque chose d'outrageant pour le commun des mortels. J'étais regardé avec des " yeux ronds ", et l'on oscillait entre la pitié et la condescendance à mon égard. " Comment peux-tu tenir debout avec ce que tu manges ? " Cette phrase, je l'ai entendue cent fois… et pourtant j'étais là, bien vivant, moins souvent malade que mes copains, toujours parmi les meilleurs en classe, sportif aussi… Nul doute que j'étais un cas exceptionnel ! Pourtant mes deux sœurs suivirent la même voie quelques années plus tard, toujours sans problème. Cela commençait à poser question !

A l'époque le soja n'était pas consommé en France, et notre alimentation se composait de fruits, légumes, céréales et légumineuses, laitages et œufs, (et tout ceci sans faire le moindre calcul d'équilibre !), une alimentation variée avec des produits complets et cultivés naturellement. Nous étions des " anormaux ", mais malgré tout, je le supportais aisément.

Les " sixties " virent naître en moi une sorte de rébellion. Comme tous les adolescents, je ne souhaitais qu'une chose : " ressembler aux autres et être accepté par le groupe ". Dans cette optique, assumer le choix de mes parents devint très difficile. Et si viande et poisson ne m'avaient inspiré un profond dégoût, j'aurais abandonné le végétarisme à cette époque.

Ce fut une période pendant laquelle les invitations étaient fréquentes, et comme je ne voulais pas " clamer haut et fort " ma différence, je me faisais tout petit ! Je me souviens notamment d'une fondue bourguignonne où je n'ai mangé que du pain et de la sauce…! Mariages, communions étaient des moments de frugalité pour moi, picorant un brin de persil par-ci, une feuille de salade par-là, pendant des repas pantagruéliques. Les sarcasmes étaient légion et l'on me surnommait " la tortue " ou " le poireau "… Je pris alors l'habitude de répondre en plaisantant, en riant moi-même de ces " bons mots ", et je me rendis compte que cette attitude désarmait rapidement tous ces rigolos.

L'entrée dans le monde du travail n'a guère été plus facile. Ayant horreur d'attirer l'attention sur moi, j'avais choisi d'annoncer, sans rien expliquer : " je ne mange pas de viande par goût ", mais les regards interrogatifs me déstabilisaient et ce n'était pas très agréable.

Comme je ne faisais pas du végétarisme un critère indispensable pour trouver une compagne, je me suis marié avec une non-végétarienne. Par son intermédiaire je retrouvais la norme, et la vie quotidienne se déroulait sans anicroche. Elle mangeait exceptionnellement de la viande à la maison, et choisissait plutôt d'en consommer le midi à son travail. Elle acceptait sans difficulté d'aller seulement dans les restaurants où je pouvais trouver quelque chose à ma convenance. Etant donné mes convictions plutôt molles et mes difficultés d'insertion, nous avions décidé que notre fille serait omnivore. Le temps passa et notre couple se délita au fil des ans, pour déboucher sur un divorce. Mais ce n'est pas le végétarisme qui fut le responsable de cet échec, puisque nous avions à ce sujet trouvé un équilibre grâce à la tolérance et la conciliance de l'un et de l'autre.

Notre fille, dont nous eûmes la garde partagée, mangeait à l'époque de la viande chez maman et était végétarienne chez papa. Les enfants sont naturellement attirés par les animaux et généralement peu enclins à manger de la viande, surtout quand ils réalisent que dans leur assiette, ce n'est pas de la betterave rouge râpée que l'on a mis, mais de la viande hachée ! C'est donc spontanément, vers onze ans, qu'elle s'est mise à refuser la viande chez sa mère. Agée maintenant de 22 ans, elle est toujours végétarienne.

Il faut reconnaître que mon divorce, comme bien souvent les évènements douloureux, me tira de ma léthargie intellectuelle. Je me mis à lire, chercher, réfléchir… et tout naturellement, le végétarisme m'apparut comme une évolution des mentalités où le respect de la vie est une condition incontournable. J'étais âgé de 27 ans, et persuadé que nous ne sommes pas sur terre par hasard, et que notre rôle n'est sûrement pas d'entraver le déroulement de ce que les autres êtres vivants sont venus apprendre. Je me sentis alors habité par la compassion envers les plus démunis, les plus faibles, les sans-voix. J'eus d'un seul coup envie de revendiquer, de clamer cette fois " haut et fort " mon végétarisme, d'éveiller les consciences mais sans prosélytisme, et de semer des graines à la volée… Ce changement d'attitude mentale se répercuta dans le regard des autres, et quand je disais : " je suis végétarien ", on me rétorquait maintenant très souvent, comme pour s'excuser : " moi, je ne mange pas beaucoup de viande ".

Il y a treize ans, je me suis à nouveau marié, et mon épouse s'est convertie au végétarisme " du jour au lendemain ". Depuis, nous avons eu deux enfants, tous végétariens, et en bonne santé physique et intellectuelle. C'est donc la troisième génération ! Et ce qui étonne le plus les autres parents que nous côtoyons, c'est que nos enfants n'ont jamais pris d'antibiotiques, alors que les leurs en sont gavés !

Je pense sincèrement que nos enfants auront beaucoup moins de difficultés que moi à assumer la façon dont ils ont été élevés. L'avenir le dira… Mais il est vrai que maintenant le vent a tourné. L'information sur les bienfaits du végétarisme commence à circuler. La preuve, c'est qu'un médecin du travail m'a récemment encouragé à continuer car j'avais bien raison !

Nous avons quitté la région parisienne il y a quelques années et la confrontation avec la réalité paysanne a ouvert notre conscience sur des pratiques que nous ignorions. Côtoyer des éleveurs nous a conforté dans nos choix, mais en nous poussant à aller plus loin : vers le végétalisme. En effet, toute commercialisation de produits animaux (mais aussi de sous-produits animaux) est le résultat d'une exploitation animale, même en agriculture biologique. On cherche toujours les rendements, la rentabilité, la facilité, et toujours au détriment de l'animal. Par exemple on tue les mâles pour ne garder que les femelles qui produisent… Cette mort est omniprésente et elle est également induite par notre consommation de laitage et d'œufs. Nous avons réalisé que le mercantilisme pervertissait tout échange équitable entre l'humain et l'animal.

Enfin, soyons réaliste ! Demain, la terre ne pourra nourrir 10 milliards d'habitants qu'à condition qu'ils mangent " tout végétal ". Notre art de vivre végétarien est d'avant-garde, et les végétaliens et vegans sont la tête de proue de l'évolution indispensable que l'humanité connaîtra au vingt et unième siècle.

Suite… 1999 : Nos 2 filles, Elsa et Chloé sont végétariennes de naissance. Grossesses et accouchements se sont passés sans problèmes. Elles ont bu le lait de leur maman respectivement jusqu'à 10 et 12 mois. Après ce bon départ, elles ont poussé sans difficulté, pas de maladie, seulement quelques rhumes de temps en temps. Elles ont eu aussi un développement intellectuel satisfaisant puisque toutes les deux ont une classe d'avance. Agées de 11 et 13 ans maintenant, elles n'ont jamais pris d'antibiotiques et ne vont voir le médecin que pour obtenir un certificat médical pour le sport ! Leur alimentation est ovo-lacto-végétarienne et nous les laissons manger ce qui instinctivement les attire (en les encadrant bien sûr !). Le menu type est le suivant : crudités avec pain et pâté végétal ou fromage ; céréales ou / et légumineuses avec légumes cuits ; yaourt ou crème de soja. Au cours de ces années, la variété a été la clé de leur alimentation bien qu'il n'ait pas toujours été facile de leur faire manger légumes et crudités… Socialement, elles n'ont eu aucune difficulté, les invitations chez les copines n'ont pas manqué et les colos, classes vertes et séjours linguistiques n'ont jamais posé de problèmes non plus, en prévenant à l'inscription. Nos deux filles se sentent très concernées par le sort des animaux et en parlent autour d'elles. Et il faut dire qu'elles réussissent à sensibiliser ou convaincre leurs amies… qui réclament souvent de manger végétarien à leurs parents, après être venues chez nous.

 

L'exemple de Carmen

(texte issu de la revue " l'Idea Vegetariana " de juin 1996, publiée par l'association végétarienne italienne)

Quand j'ai eu ma fille, il y a dix sept ans, la première étape a été évidemment celle du sevrage.

De mon point de vue de végétarienne convaincue, j'avais et j'ai encore aujourd'hui la certitude que le passage du lait maternel à l'alimentation solide devrait être végétarien pour tous les enfants.

Chaque maman devrait apprendre à observer son enfant et à s'adapter à ses goûts, mais hélas cela arrive trop rarement et on impose aux enfants une alimentation carnée. J'ai voulu que ma fille soit végétarienne. A l'époque et aujourd'hui encore, on m'a dit que j'avais imposé à ma fille un tel type d'alimentation, mais je ne suis pas de cet avis : je lui ai fait partager mon mode de vie et mes choix comme le font tous les parents, mais avec le plus grand respect de ses exigences.

Combien d'enfants choisissent de manger de la viande ? Aucun ou très peu. Les parents imposent cet aliment aux enfants qui le refusent bien souvent, et ceci uniquement par peur. La peur de ne pas donner une alimentation appropriée et bien équilibrée prend souvent le pas sur leur bon sens et c'est de cette manière que les enfants apprennent à se nourrir de viande.

Mon expérience me confirme le choix que j'ai fait, il y a dix sept ans. Ma fille est toujours végétarienne. Quand elle avait trois ans, elle refusait d'entrer dans un restaurant où on faisait griller de la viande et elle se mettait à pleurer parce qu'elle ne supportait pas cette odeur.

Le passage de l'alimentation lactée à l'alimentation solide est un problème pour toute mère. Pour moi au contraire, ça a été facile parce que j'utilisais des produits biologiques et que j'avais toute confiance.

J'étais la seule à préparer des bouillies avec du bouillon de légumes frais (pomme de terre, oignons, courgettes, herbes aromatiques) et le plus souvent de la farine de riz. J'alternais une bouillie de riz avec une bouillie aux cinq céréales, une bouillie de riz avec une de blé et ainsi de suite. L'huile, naturellement était extra vierge et biologique.

La petite mangeait avec nous, ayant ainsi accès à d'autres aliments qui la tentaient et qu'elle dégustait, me donnant ainsi la possibilité de comprendre ce qui lui plaisait. Evidemment, nous faisions attention à ne manger que des choses qui ne puissent pas lui faire de mal et nous nous fiions aux conseils d'une pédiatre, laquelle nous indiquait les doses de nourriture appropriées et contrôlait le poids de l'enfant. Je n'ai jamais eu aucun problème.

Outre les produits biologiques sains et frais, les aliments qui me semblent les plus importants pour tous les enfants sont : l'amour, la compréhension, la sérénité, la joie de vivre et enfin le dialogue.

Chaque enfant a droit à ces aliments et chaque adulte a le devoir de les lui donner.

Donner de la viande à des enfants signifie les faire participer à une souffrance et à une violence envers les animaux qu'ils auraient probablement refusé s'ils avaient pu choisir.



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